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Après avoir occupé les fonctions de Président-directeur général de Saint-Gobain pendant 11 ans, Pierre-André de Chalendar est devenu président non-exécutif du Groupe le 1er juillet 2021. Il cède la direction générale à son directeur général délégué, Benoît Bazin.

Le Cercle des Entreprises Centenaires a eu l’opportunité de le rencontrer* la veille de ce passage de témoin : l’occasion de revenir sur sa carrière au sein de l’entreprise, les atouts de celle-ci et, aussi, sa vision de la ville de demain à laquelle il a consacré un ouvrage (Le Défi urbain : retrouver le désir de vivre en ville, Odile Jacob, 2021).

*L’interview de Pierre-André de Chalendar a été réalisée par Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur émérite à HEC Paris et président de l’AGRH.

Plus de trois décennies au service de Saint-Gobain

Après avoir étudié à l’Essec et à l’ENA, Pierre-André de Chalendar a débuté sa carrière à l’Inspection générale des finances avant de devenir chargé de mission puis adjoint au directeur à la direction générale de l’Énergie et des Matières premières du ministère de l’Industrie et de l’Aménagement du territoire. « J’ai rejoint Saint-Gobain en 1989, à l’âge de 31 ans » se souvient-il.  « J’ai été directeur du plan, puis j’ai enchaîné les missions opérationnelles en France et à l’étranger. J’ai progressivement grimpé les échelons et suis devenu président-directeur général de Norton SA en 1996 ». Pierre André de Chalendar accède ensuite aux fonctions de directeur général adjoint (2003), de directeur général délégué (2005) puis de directeur général (2007) et, enfin, de Président-directeur général de Saint-Gobain en 2010.

Ce mandat arrivait à échéance l’année prochaine : dans ces conditions, pourquoi avoir choisi de hâter sa succession ? « Parce que le plan de transformation lancé il y a deux ans et demi s’est achevé plus tôt prévu : il était normal que celui qui aura à mettre en œuvre le prochain plan stratégique, Benoît Bazin, soit celui qui l’annonce ». Une succession à laquelle Pierre-André de Chalendar a consacré beaucoup de temps : « dès mon arrivée à la tête de l’entreprise, j’ai considéré que l’organisation de ma succession représentant mon principal défi. Benoît Bazin est présent dans l’entreprise depuis 20 ans, il incarne les valeurs du Groupe : je suis persuadé que cette passation de pouvoirs se passera de manière excellente ».

Un Groupe reconfiguré

Sous l’impulsion de Pierre-André de Chalendar, Saint-Gobain s’est profondément transformé depuis 2010. En premier lieu, le client est désormais au cœur de l’entreprise : « la décentralisation des activités que j’ai initiée obéit complètement à cette logique » souligne Pierre-André de Chalendar. L’accent a également été mis sur le développement durable : le Groupe est devenu un acteur important de la décarbonation et des économies d’énergie grâce, par exemple, aux produits d’isolation qu’il propose. Saint-Gobain s’est aussi engagé dans la voie de la neutralité carbone à horizon 2050. Troisième transformation, qui concerne cette fois toutes les entreprises : la digitalisation.

Découle de cette transformation une organisation originale qui mêle local – le Groupe se définit d’ailleurs comme un acteur multilocal, et en aucun cas comme un acteur global – et mondial. Rien d’étonnant à cela dans la mesure où certains métiers sont par définition des métiers locaux : c’est le cas de la plupart des métiers de la construction par exemple où les matériaux sont toujours produits localement. Pour d’autres en revanche, les clients sont mondiaux. Il s’agit de solutions à forte valeur ajoutée pour des applications dans la santé, la construction, l’industrie ou encore la mobilité. « Pour ces activités, nos clients sont mondiaux : il est parfaitement logique que notre organisation le soit alors également ».

350 ans d’existence, mais une capacité d’innovation sans cesse renouvelée

Cette capacité d’innovation est systématiquement reconnue dans les classements internationaux, ce dont Pierre-André de Chalendar se dit particulièrement fier. « Dès son origine, l’entreprise a eu l’innovation en son cœur » précise-t-il : « c’est grâce à l’invention du procédé du verre coulé sans lequel la Galerie des Glaces n’aurait pas pu voir le jour que l’entreprise a connu ses premiers succès ». Depuis, les innovations se sont succédé et, aujourd’hui, les travaux de recherche portent autant sur des innovations de rupture que sur des innovations incrémentales. A noter que le principe de l’innovation ouverte est également mis en œuvre à travers une entité dédiée, NOVA.

Cette forte capacité d’innovation tient beaucoup à l’agilité dont fait preuve l’entreprise. « Nous avons supprimé plusieurs échelons hiérarchiques, nous avons donné au local de nouveaux pouvoirs » note Pierre-André de Chalendar. « La transformation initiée il y a deux ans et demi s’est accompagnée d’une nouvelle culture managériale faite de confiance, de responsabilisation et de collaboration. Nous avons accompli d’énormes progrès, les modes de travail ont changé. Les modes de management sont beaucoup moins verticaux qu’auparavant, ce qui rend de facto l’entreprise plus innovante ».

La ville, nouveau territoire d’avenir

Avec la publication de Notre combat pour le climat en 2015, au moment de la COP 21, Pierre-André de Chalendar affirmait sa croyance dans un monde à la fois « décarboné et en croissance ». Avec la publication cette année de Le défi urbain : retrouver le désir de vivre en ville, Pierre-André de Chalendar livre un plaidoyer en faveur de la ville, alors même que celle-ci est de plus en plus décriée. « D’un point de vue mondial, les villes sont en croissance et leur expansion ne va pas s’arrêter » rappelle-t-il : « je ne crois absolument pas un exode massif vers les campagnes ». Ceci étant, il est incontestable que la ville doit redevenir attirante. Mais comment ? « L’expérience française nous montre que les villes nouvelles imaginées dans les années 60 et 70 ne fonctionnent pas. Il faut partir de l’existant, le moderniser, et en aucun cas faire table rase du passé pour tout reconstruire ». Des villes rénovées qui, pour le président de Saint-Gobain, doivent être à la hauteur des enjeux environnementaux et climatiques : mobilités douces et propres, davantage de place laissée à la nature et aux espaces verts, des logements mieux isolés… Autant d’enjeux sur lesquels Saint-Gobain a une carte à jouer grâce à la vaste palette de solutions que le Groupe propose. « Cet engagement va bien au-delà » conclut Pierre-André de Chalendar : « Making the World a Better Home est notre raison d’être, il est de notre devoir de contribuer directement à l’amélioration de tout le monde ».

 

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