Le Cercle des entreprises centenaires a eu le grand plaisir d’être accueilli par Laurence Engel, présidente d’une institution pluricentenaire : la Bibliothèque nationale de France. Créée en 1367 par Charles V, elle se trouve aujourd’hui confrontée à une révolution peut-être aussi importante que l’imprimerie : le numérique. Loin de constituer une menace, celui-ci ouvre de nouvelles opportunités pour la BnF, qui se trouve dans le même temps confrontée à de nouveaux défis.
Une vocation qui a évolué au cours du temps, à son origine, c’est une bibliothèque royale, privée, que Charles V décide de transformer pour en faire un élément de la royauté. Charles V possède plusieurs centaines de beaux livres et considère qu’ils doivent passer du statut de bien privé à celui de bien public. En 1537, François Ier invente le dépôt légal afin de conserver la trace de toute production éditoriale française. La Bibliothèque connaît son véritable développement à partir de 1666 sous Colbert, qui a pour ambition d’en faire un instrument à la gloire de Louis XIV. La Bibliothèque du Roi devient Bibliothèque nationale après la Révolution, accueille un nombre toujours plus important de documents et se modernise progressivement au cours du XIXè et du XXè siècle. Elle devient BnF en 1995, lors de l’inauguration de la Bibliothèque François-Mitterrand dans le XIIIè arrondissement.
2. Le numérique, un enjeu considérable
La BnF conserve aujourd’hui pas moins de 40 millions de documents, dont 15 millions de livres. Viennent s’y ajouter des photos, des affiches, des journaux, des partitions de musique, des médailles, des jeux vidéos, des CD…. Des documents pour certains numérisés (cinq millions) et consultables partout et par tout le monde sur le site Gallica, né il y a 23 ans déjà.
Mais la transformation digitale de la BnF ne s’arrête pas à cela, loin de là. Devenir numérique, ce n’est pas uniquement numériser des documents : c’est aussi archiver, conserver des contenus numériques. On le sait peu, mais le dépôt légal concerne également le Web : 1 Po de données sont conservées par la Bibliothèque. Une telle (r)évolution a supposé une profonde transformation des chaînes de production en interne et, aussi, de nouvelles compétences. D’énormes efforts en faveur de la formation continue ont été consentis ; on trouve désormais des ingénieurs à la BnF, ainsi que des conservateurs d’un nouveau genre, spécialisés dans les humanités
numériques. Tout n’est pas terminé, loin de là : car la digitalisation est un enjeu permanent, la pertinence et l’efficacité de la « machine » numérique doivent être questionnées en permanence. Dans le même temps, les enjeux liés à la conservation de documents physiques ne diminuent pas, bien au contraire : le nombre de documents imprimés n’a jamais été aussi important.
3. Un lieu ouvert sur la ville et le monde
Les bibliothèques nationales ont pendant longtemps été réservées aux étudiants et aux chercheurs. C’est de moins en moins le cas : Le site François-Mitterrand est ouvert depuis sa création au grand public, et le berceau historique de la BnF, rue de Richelieu, le sera également dès 2021. Un chantier de rénovation considérable est sur le point de s’achever : la fameuse salle ovale deviendra ainsi une salle de lecture ouverte à tous, mais aussi un lieu de visite et de médiation. La même année, un musée verra le jour. Espace dédié à la conservation, à l’étude et la culture, point de passage entre Opéra et le Louvre, la BnF confirme, avec la rénovation du site Richelieu, sa vocation à demeurer ouverte sur la ville et le monde.